Projet Réponses - Réduire les POllutioNs en Santé Environnement

Quelles substances se dégagent lorsque des algues sont échouées sur les bords de l'étang ?

Les proliférations d’algues vertes sur le pourtour de l’étang de Berre

Les algues vertes sont des espèces nitrophiles, c’est-à-dire qu’elles se développent dans des milieux riches en azote. Leurs proliférations sont la conséquence d’un excès d’azote dans l’étang (eutrophisation) qui crée un déséquilibre écologique. Sur l’étang de Berre, 57% des apports d’azote proviennent des rejets d’eau de la Durance via la centrale EDF de Saint-Chamas, 29% proviennent des rivières qui se jettent dans l’étang de Berre (Arc, Touloubre, Cadière), 9% proviennent des eaux de ruissellement, 3% proviennent des stations d’épuration, et 2% des industries (données d’apports moyens en azote total sur la période 2017-2021).

Ces deux dernières années, la diminution des apports d’azote, couplée à une augmentation de la salinité de l’étang, a entrainé une diversification des peuplements d’algues, auparavant dominés par les algues vertes du genre Ulva (ulves). Cela s’est concrétisé cette année par un peuplement diversifié et des échouages d’algues mêlées, rouge, verte et brune.

L’échouage d’algues vertes sur le pourtour de l’étang de Berre

Lors d’épisodes de vents forts, les algues peuvent être emportées par le courant et s’échouer massivement sur les bords de l’étang. Elles s’accumulent dans des anses et forment des matelas dont l’épaisseur peut atteindre plusieurs dizaines de centimètres. Avec le temps, les algues en surface sont desséchées par le soleil et le vent et forment une croûte blanchâtre, isolant ainsi la partie inférieure de l’échouage du contact avec l’air. Cette croûte est d’autant plus imperméable qu’elle contient une proportion importante d’ulves.

Les gaz émis par la fermentation anaérobie des algues échouées

La décomposition des algues échouées en l’absence d’oxygène (anaérobie) génère la formation de deux gaz : l’hydrogène sulfuré (H2S) et le formaldéhyde (CH2O). Les émissions de gaz concernent les algues échouées depuis plus de 48h, notamment lorsqu’elles s’accumulent sur une épaisseur de plus de 10cm. Les températures estivales élevées accélèrent la dégradation de la matière organique, et donc la formation de gaz. Particulièrement pour les ulves, ces gaz s’accumulent sous la croûte formée par les algues en surface. Lorsque le vent, un animal ou un humain perce cette croûte, d’importantes concentrations de gaz sont libérées.

La diversification des peuplements d’algues observée ces dernières années, et notamment la réduction de la proportion d’ulves très imperméables, permet d’aérer les échouages, ce qui limite la formation de poches de gaz et de dégazages, même si les odeurs restent nauséabondes.

Les conséquences sanitaires de l’échouage d’algues vertes

En plus de générer des nuisances visuelles et olfactives dues à l’odeur d’œuf pourri de l’hydrogène sulfuré, les dégazages génèrent des risques sanitaires. En effet, l’hydrogène sulfuré et le formaldéhyde sont des gaz toxiques, dépendamment du niveau, de la durée et de la fréquence d’exposition. Ils peuvent notamment provoquer des vertiges, des nausées et des problèmes respiratoires. Les deux gaz ont cependant des toxicités très différentes dans le sens où la toxicité du H2S est aigue tandis que celle des formaldéhydes est plutôt chronique.

Limiter les risques sanitaires liés aux échouages d’algues vertes

Pour limiter les risques sanitaires liés aux émissions de gaz des algues échouées, un périmètre de sécurité balisé est mis en place et des opérations de ramassage sont organisées. Les agents réalisant le ramassage sont équipés de détecteurs de gaz et d’équipement de protection individuelle respiratoire.


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