Projet Réponses - Réduire les POllutioNs en Santé Environnement

L’impact de l’épandage d’insecticides biocides contre les moustiques sur la santé

Contrôle de la nuisance des moustiques sur les zones humides de l’étang de Berre

Les moustiques des zones humides

Sur les zones naturelles humides autour de l’étang de Berre, deux espèces de moustiques sont très présentes, essentiellement du printemps à l’automne : Aedes caspius et Aedes detritus. Les femelles pondent leurs œufs sur les sols secs des zones humides. Les larves apparaissent quelques heures après des submersions dues aux précipitations ou à des coups de mer. En été le développement larvaire dure 5 à 7 jours. Une fois adultes, ces moustiques (femelles) ont d’importantes capacités de dispersion, d’environ 10-15km vers l’intérieur de terres. Ils présentent un fort pouvoir nuisant par leurs piqures.

Dispositions de contrôle de la nuisance des moustiques des zones humides

Depuis les années 60, un arrêté préfectoral annuel définit la zone d’action dans laquelle intervient le contrôle de la prolifération de ces moustiques nuisant. Le contrôle de cette nuisance est assuré par l’Entente Interdépartementale pour la Démoustication du littoral méditerranéen (EID Méditerranée) pour le compte des départements qui ont pris cette compétence facultative, et de la région Occitanie. Le mode opératoire de l’EID s’appuie sur une connaissance approfondie des moustiques et des milieux. En appui sur une cartographie écologique des zones humides originale, les prospections permettent de définir la nécessité ou non d’une opération de traitement en fonction notamment de la densité larvaire et des différents enjeux. Les opérations de démoustication peuvent intervenir tout au long de l’année, en fonction de la biologie des moustiques et des épisodes submersions qui sont donc difficilement prévisibles. En ce sens, les agents de l’EID sont présents tout au long de l’année sur le terrain pour assurer une surveillance permanente.

La stratégie de lutte pour le contrôle de la nuisance des moustiques des zones humides repose sur le traitement des larves

Le seul produit larvicide utilisé pour la démoustication sur les zones naturelles humides de l’étang de Berre est un larvicide homologué par la réglementation européenne relative aux biocides : le Bti. Il provient d’une bactérie retrouvée dans le milieu naturel (Bacillus thuringiensis israelensis). Le Bti tue les larves de moustiques par ingestion, et est d’autant plus efficace que les larves sont jeunes. Les agents de l’EID sont donc en permanence sur le terrain pour repérer l’apparition de gites larvaires après une submersion, et déclencher rapidement le traitement. Le Bti est un produit très sélectif et les traitements ne ciblent que les larves de moustiques, qui apparaissent très vite après une nouvelle mise en eau. L’épandage du Bti peut être réalisé par des moyens aériens (avion, hélicoptère, drone) ou terrestres (différents pulvérisateurs et, à la marge, moyens mécaniques). L’objectif est de ramener le seuil de nuisance à un niveau jugé acceptable. Ces opérations respectent les mesures de réduction liées aux études d’incidence et se font en concertation avec les animateurs et gestionnaires. Lors des épandages aériens, des consignes sont données aux pilotes.

Lutte de santé publique contre les moustiques tigres

Les moustiques tigres en milieu urbain

Le moustique tigre, Aedes albopictus,est une espèce introduite en France et provenant d’Asie du Sud. Les moustiques tigres sont de petite taille, rayés noir et blanc, et sont strictement inféodés aux milieux urbanisés. Ils prolifèrent généralement dans de petites zones avec de l’eau stagnante et 80% de leurs gites larvaires sont retrouvés chez des particuliers (gamelles des animaux domestiques, soucoupe des pots de fleurs, flaque, récupérateur d’eau de pluie, gouttières, etc.). Ils volent assez mal et présentent donc de faibles capacités de dispersion (environ 150m). Ils sont fortement nuisant par leurs piqures.

Les moustiques tigres peuvent également être des vecteurs potentiels de maladies vectorielles, qui ne sont pas endémiques dans nos régions, comme le chikungunya ou la dengue. Tous les moustiques tigres ne sont pas vecteurs de maladies, et même s’ils le sont, cela ne veut pas dire qu’ils vont forcément transmettre ces maladies lors de piqures.

Lutte antivectorielle

Les professionnels de santé doivent déclarer les cas de chikungunya ou de dengue à l’Agence Régionale de Santé (ARS). Suite à la déclaration d’un cas, en PACA, une enquête entomologique est conduite par l’EID. Les agents de l’EID recherchent la présence de moustiques tigres adultes ou de larves dans un rayon de 150-200m autour du lieu où se situe la personne malade. Si la présence de moustiques tigres est avérée, le traitement de lutte antivectorielle est déclenché sur le périmètre identifié (rayon 150 à 200m).

Le traitement de lutte antivectorielle utilise les pyréthrinoïdes ou les pyrèthres naturels à de faibles dosages spécifiques à ces actions qui visent les moustiques adultes, avec un effet choc (le produit agit en quelques heures puis se dissipe). L’épandage de ces produits se fait exclusivement par voie terrestre avant le lever du soleil (3-7h du matin). Les produits utilisés sont mélangés à de l’eau, et un des pyrèthres naturels est compatible avec l’agriculture biologique. La présence de ruchers, de cours d’eau, etc. est prise en compte avant toute intervention, in fine validée par les services de l’ARS PACA. La population concernée est prévenue du traitement au moins 24h à l’avance, tout comme la municipalité, et des préconisations à mettre en œuvre sont fournies, comme rentrer le linge et les objets du jardin la veille de la démoustication, fermez les fenêtres au moment de la démoustication, et videz les endroits susceptibles d’accueillir de l’eau stagnante et des gites larvaires. Sur la base des retours d’expérience de plusieurs années, de par l’application des principes de précautions et la maîtrise des interventions, aucun problème n’a été recensé.

Partager sur